M'associer : Les écueils à éviter
L'association est d'abord une vraie stratégie entrepreneuriale avant d'être patrimoniale. Elle ne fonctionne que s'il existe une communauté d'esprit, de situation et d'objectifs.
Une association se prépare. Il faut notamment s'accorder avec son ou ses associé(s) sur :
- l'objectif économique et le projet professionnel,
- le type de société,
- l'organisation de leur vie commune,
- la politique des investissements,
- l'affectation du bénéfice d'exploitation (rémunération ou réinvestissement ?),
- les attributions de chacun,
- le temps de travail
Ce qu'il faut savoir avant de s'associer
S'associer, c'est unir deux tempéraments
Sur le plan humain, l'association apparaît comme la « mise en frottement » de deux personnes (ou plus), donc de deux personnalités et de leurs satellites (gare à l'entourage et notamment à l'immixtion des conjoints dans l'entreprise !).
Trouver l'âme soeur n'est pas simple, et dans certains cas, s'associer peut même être périlleux. Le cas classique est la rencontre entre une « fourmi et une cigale » qui décident d'acquérir une pharmacie...
Le conflit entre associés fait partie des risques de l'entreprise. Au début, tout est toujours rose. Mais avec les années, comme dans un couple, des tensions peuvent surgir, la situation s'envenime et si l'on n'y prend pas garde, l'association peut péricliter.
Deux personnalités qui s'acceptent font une association qui dure
Heureusement, il y a des éléments qui permettent de prévoir la pérennité d'une association. Par exemple, ce n'est pas forcément parce que l'on se connaît depuis longtemps que le ciment sera plus solide !
En pratique, ce qui caractérise les associations qui durent, ce sont d'abord les personnalités des pharmaciens : c'est une évidence de dire que s'associer, c'est accepter l'autre comme il est, avec ses défauts et ses qualités, et que s'associer, c'est potentialiser les complémentarités.Bref, il faut se connaître soi-même pour faire ce choix, et surtout ne pas le faire par défaut ou par dépit.
Le règlement intérieur et le pacte d'associés régissent l'association
Pour cela, il faut se dire les choses et même les écrire avant de s'associer. C'est l'un des objets du règlement intérieur et du pacte d'associés, qui ont pour vocation de préciser les statuts. Si, au stade de la rédaction de ces documents contractuels qui vont régir la vie de la société et des associés, il y a des désaccords, il ne faut pas poursuivre le projet. Car dans toute association, l'important est de trouver un juste équilibre entre les droits et les obligations de chacun des associés.
Règlement intérieur, pacte d'associés : est-ce la même chose ?
Le règlement intérieur est un contrat personnel
Le règlement intérieur recueille toutes les conventions personnelles entre les associés qui vont leur permettre de travailler ensemble (répartition du temps de travail et des résultats, rémunérations, absences, remplacements, congés, gardes...).
Le pacte d'associé est un contrat social
Le pacte d'associés a, quant à lui, vocation à définir les conventions spécifiques entre les associés (modalités de cession des participations, anticipation des conflits par des mécanismes de sortie...) : il constitue la pierre angulaire du projet associatif et est le reflet d'un projet d'entreprise. Il laisse une plus grande liberté que le règlement intérieur et peut déroger aux statuts.
Le pacte d'associés est utilisé prioritairement mais pas exclusivement dans les SEL constituées entre exerçants ou entre exerçants et investisseurs.
L'association en officine : comment se marier ?
La première chose est de faire appel aux professionnels du droit, qu'ils soient avocats ou notaires, pour la rédaction de tous les actes juridiques. Ensuite, il faut envisager les pires scénarios en préparant par avance une stratégie de sortie amiable. On ne s'entend plus... c'est la vie, mais on aura au moins un modus operandi, et ce ne sera donc pas si grave...
Attention toutefois à la valorisation des titres de l'officine, qui est un point clé en cas de dissension et de départ d'un associé. Dans cette situation, l'expert-comptable est là pour trouver une formule simple qui vise à régler l'épineuse question de l'indemnisation de celui qui part.
Les associés en officine doivent prévoir le pire
Une précaution supplémentaire à prendre : contracter une assurance croisée entre associés
Lorsqu'un pharmacien s'installe en association et qu'il contracte un prêt et les assurances qui y sont liées (garanties décès, invalidité, incapacité) pour acquérir le fonds ou des titres de la société, il ne pense pas forcément aux conséquences financières et professionnelles, pour lui-même, du décès ou de l'invalidité d'un de ses associés. Si un tel évènement survient, aura-t-il les moyens de racheter aux héritiers ou à son ex-associé invalide, les parts lui appartenant ?
D'où l'intérêt de prendre une assurance croisée entre associés qui garantit aux autres associés, proportionnellement aux parts détenues, le versement d'un capital pour racheter les parts de l'associé décédé ou invalide, ce qui lui permettra ainsi de continuer son activité seul ou avec un nouvel associé de son choix.
Avec la souscription d'une assurance croisée entre associées, il ne risque donc pas d'avoir un nouvel associé imposé par les héritiers ou par son ex-associé.
S'associer en officine : nos remarques pour réussir
Une aventure humaine
Une bonne association doit reposer sur certains fondamentaux :
- complémentarité des associés
- volonté de partager le pouvoir
- collégialité dans la prise de décisions.
Une affaire de bonne volonté
Les bonnes relations entre associés sont essentiellement fonctions des qualités humaines que chacun mettra en oeuvre dans le cadre de cette collaboration.
Une association contractuelle
Si la réussite d'une association tient avant tout aux associés qui la composent, la qualité des actes et des conventions qui la régissent est tout aussi importante, même si le juridique ne peut pas tout envisager.