Les cahiers du savoir Channels : Les fondamentaux de l'installation
Le plan de financement sert à évaluer la dépense globale (les emplois ou besoins de financement) et les ressources qui vont permettre de couvrir celle-ci, ainsi que les charges financières qui en résultent. Schématiquement, nous aurons donc :
Les besoins de financement :- le prix d'acquisition de l'officine
- les frais d'acquisition (cabinet de transaction + droits d'enregistrement + frais juridiques)
- les aménagements (travaux, investissements,...)
- le besoin en fonds de roulement (principalement le stock)
Les ressources de financement :- l'apport personnel
- le financement bancaire
- le financement du stock (crédit vendeur)
- les aides à l'installation (booster d'apport)
Les sources de financement doivent couvrir la totalité de l'investissement.
L'apport personnel sera fonction du prix payé. Un prix supérieur à la capacité de remboursement de l'officine (mesurée par l'EBE) sera financé par une moindre rémunération du titulaire et/ou un apport personnel supplémentaire. L'apport personnel devra au minimum financer les frais accessoires à l'acquisition : droits d'enregistrement, frais d'actes et honoraires de transaction. Etabli avec la plus grande prudence, avec l'aide du cabinet de transactions et un expert-comptable spécialisé, le plan de financement devient un outil décisionnel essentiel et permet au futur titulaire de se projeter et ainsi connaître les besoins financiers relatifs à son installation.
En effet, l'exploitation de la pharmacie doit permettre de payer les charges d'exploitation, rémunérer son titulaire, rembourser le(s) emprunt (s), constituer chaque année une trésorerie de sécurité suffisante et payer l'IS (en cas d'exploitation en SEL).
Le regard du banquierLa différence entre les besoins à financer et les apports sera financée par l'emprunt bancaire. Il est conseillé de s'adresser à plusieurs banques pour obtenir un prêt, ne serait-ce que pour comparer les différentes offres sur :
- la quotité : généralement 100 % du prix payé ;
- la durée habituelle de l'emprunt : 12 ans (éviter 15 ans) ;
- le taux : meilleur possible, actuellement bas mais l'augmentation des taux de la BCE pour contrer l'inflation font que les taux pourraient atteindre en fin d'année les 3% ;
- les garanties :
- Nantissement du fonds de commerce
- Nantissements des parts sociales
- Intervention d'un organisme de caution
- Caution personnelle des associés-gérants : elle doit être limitée dans la durée et le montant
- les pénalités en cas de remboursement anticipé. La durée de vie moyenne d'un crédit en pharmacie est de 8 ans ;
- la couverture d'assurance décès de l'emprunteur : délégation à un tiers pour éviter que la banque soit désignée comme le bénéficiaire de l'indemnité d'assurance en cas de décès du titulaire, sinon forte fiscalisation pour les héritiers (prendre un contrat d'assurance individuel avec un bénéficiaire désigné que l'on va donner en délégation ou en garantie à la banque).
Dans le projet qui lui est présenté, que regarde le banquier ?Les critères hors financiers :- afin de faire sa propre analyse du contexte économique et environnemental de l'officine cible ;
- la personnalité du cédant et surtout de l'acquéreur ;
- le parcours et l'expérience de l'emprunteur.
Les critères financiers :- sur la sphère privée de l'acquéreur : l'endettement personnel, la situation patrimoniale complète du foyer fiscal, le niveau de vie personnel, les revenus du foyer fiscal, la priorité des projets ;
- sur la sphère professionnelle : construction du prévisionnel, critères financiers purs du cédant : CA, taux de marge, EBE, évolution de l'officine cible sur les dernières années, fiabilité des comptes annuels du cédant.